les amants de la St.Jean
bronze h.75cm
fonderie Fusion 1998

l'aigue-vive
bronze h.115cm
fonderie Landowski 2002



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les amants de la St.Jean

    Il s'agit là d'une histoire que je n'ai jamais racontée sur mon site. Une de mes œuvres dont je suis le plus fier.
    Serait-ce Mars et Vénus ? Mon fondeur voyait dans cette sphère le filet de Vulcain piégeant les deux amants, tandis que les dieux de l'Olympe accouraient dans de grands "rires homériques" ; non, mon enjouement à cette vue n'a rien de méchant ou moqueur. D'autres aiment y voir la rondeur d'un nid où le regard peut plonger - l'intimité d'une fleur... D'autres, au cœur de cette sphère ajourée, ressentent quelque chose du milieu du monde, d'une fusion première ; et n'est-ce pas, à vrai dire, "l'origine du monde" ? (voir la page 39).
    Mais depuis que, par un beau matin de la St.Jean, le 24 Juin 1999, mon fondeur, le dieu Vulcain, non, le dieu Atlas, d'un geste splendide, basculait cette sphère de son épaule et la posait dans mon atelier... à l'évidence, ils s'appellent "les amants de la saint Jean" : ils sont à cet apogée annuelle de lumière et de feu. Et "comment ne pas perdre la tête" en se laissant envoûter dans ce développement sans fin d'une valse, dans ces impulsions, ce souffle, dans ces flammes qui s'enroulent autour des amants, dans ce brasier où ils ne cessent d'évoluer, où ils tournent ? Buisson ardent.... et pour beaucoup, le feu de la statue de Jeanne d'Arc que j'étais en train d'avancer - ses noces de feu.
    Car à vrai dire, quelque neuf mois auparavant, il m'avait fallu saisir la chance d'une commande fort maladroite et désagréable, pingre et méprisante... qui voulait qu'une figure-couple en bronze serve de pied à une table en verre. Comme si une de mes sculptures de féminité pouvait être figée en cariatide ; non, il fallait intégrer celle-ci, libre, dans une structure porteuse, elle-même très ajourée ; soit un défi impossible, et techniquement redoutable. Ce fut alors un long hiver, très long, où la fonderie brûlait (ma Jeanne d'Arc échappant aux flammes !), où le client impatient voulait me poursuivre, où une autre cliente se portait acquéreuse... Toutes choses restituant le bonheur de l'homme et la femme, la grâce du couple, libre et mouvante et vive dans ce 'buisson ardent'. Et me revenaient les mots de Pablo Neruda : "...le jour fait et défait son céleste filet tissé de temps, de sel, de bruits, d'élans, de routes, d'une femme et d'un homme, et de l'hiver sur terre."