Dieu ou Vénus ? Faut-il encore s'inscrire dans l'habitude de la sculpture en hommage au Dieu, au Roi ou au Puissant, en hommage à quelque Institution, Valeur ou Mémoire, ou pire, en tribut à l'Art ? Cette tradition s'avère bien courte et artificielle, alors que nous découvrons, bien plus invétérée et vive, depuis 30.000 ans, l'habitude de se laisser séduire à exprimer de belles formes de femmes. Ainsi ma démarche tente simplement de correspondre à la femme, et par là à ce qui m'oblige, me résiste, me séduit, m'entraîne, me comble d'une diversité et prodigalité sans fin. Femme de chair ou oeuvre sculptée, c'est l'aventure de la main; ici comme là une nudité, un seul à seul, un corps à corps, un rapport de douceur et de force dans lequel il faut se jeter tout entier. Et autant les sculpteurs de la Renaissance se débattaient dans le dualisme d'époque (l'homme entre l'ange et la bête, l'âme aspirant à Dieu et retombant dans la matière...), autant je n'éprouve ni répugnance ni déchéance en allant une terre ou un marbre, là où il me vient au contraire un goût fort et un contentement qui ont quelque chose de l'aventure au bonheur et mystère d'une femme; car j'aime imaginer de Dieu une altérité infinie qui, façon de resplendir, s'efface et se fond à la discrétion des visages d'altérité des miens, à commencer par la femme, la femme aimée; et si j'en risque une expression sculptée, l'exigence de ne pas me méprendre n'est pas moindre que dans une prière au dieu, sauf l'avantage de l'aménité qui m'accompagne jusqu'où je peux, qui m'entraîne et me donne ma forme, mon allant, mon expression d'homme, qui tempère l'insatisfaction de l'inachèvement, qui calme le tourment de son impossible perfection, sans éteindre, au contraire, le désir d'aller toujours au-delà le mystère, le précieux et l'intime de l'autre. Sa séduction.